Le Moi Et La

Formation De

L'Inconscient

Décryptage

De La Religion De

l'Egypte Ancienne

Quelques extraits

“Le moi et la formation de l’inconscient ” est une étude théorique de la dynamique responsable de la formation de l’inconscient. L’ouvrage dissèque les désirs du moi et étudie la manière selon laquelle ces désirs sont gérés.

A la différence de la conception freudienne qui traite avec le psychisme en termes d’appareil selon un langage chosiste, l’auteur donne une place importante à la volonté sans pourtant nier les rôles décisifs du surmoi et du ça. Si l’homme est un loup envers son prochain, comme le dit Freud, la volonté doit jouer un rôle dans la dynamique psychique et la gestion des intérêts personnels doit être étudiée de plus près. Dans la première partie du livre, l’auteur survole la vision freudienne et introduit le lecteur à l’importance de l’entourage qui forme finalement une unité cohérente avec laquelle l’homme doit traiter, entourage auquel sont toujours confrontés les intérêts personnels. Le moi de l’homme avance à la fois dans la voie égoïste et dans celle du respect du droit d’autrui dans le but de se satisfaire et d’assurer sa survie parmi les autres. Existant au milieu d’un ordre général qui l’entoure, ordre qui transparaît dans la faune, la flore et les droits d’autrui, l’homme est ainsi déchiré entre ce qui le favorise au détriment des autres et le respect de cet ordre que l’auteur désigne par le mot « cohérence ». Si l’homme recherche le plaisir et fuit le déplaisir, les intérêts sont toujours présents et sollicitent sa gestion ; ce qui le mène quelquefois à retarder le plaisir ou à le refuser. Ainsi, il y a dans le moi deux tendances qui, de par leur antagonisme, assurent son développement. C’est la tendance à respecter les autres en refusant d’empiéter sur leurs droits et celle de consolider le moi avec ce qu’il peut posséder ; cette tendance-ci se permet, pour aboutir à un développement rapide du moi, de ne pas respecter le droit d’autrui. La tendance qui respecte l’entourage et refuse de traiter avec l’égoïsme, c’est l’élan-cohérent ; celle qui est tournée vers l’ego pour le consolider même au détriment du droit d’autrui, c’est l’élan-vers-l’ego. L’homme choisit la proposition parrainée par l’une de ces deux tendances du moi et ainsi il la privilégie et défavorise l’autre ; cela fait qu’en agissant ainsi, il favorise l’éveil à soi et aux intérêts personnels de sa conscience au détriment de l’éveil à la cohérence et aux intérêts d’autrui ou bien il favorise l’éveil à la cohérence et aux intérêts d’autrui et restructure l’éveil à soi et aux intérêts personnels de manière à prendre plus en compte la présence d’autrui. La dynamique de ces deux éveils est celle de la conscience ; leur modification entraîne donc une modification de la conscience et de la réalité psychique.

Le moi dépasse les besoins temporels de l’homme ; il ne s’intéresse qu’à grandir, à réagir à la cohérence dont dépend sa croissance. En favorisant une tendance du moi par rapport à l’autre, l’homme agit en tant qu’instance à part entière puisqu’il est capable de modifier le développement de son psychisme ; il agit en tant qu’instance moiindividu.

Ce tableau psychique surplombe la dynamique freudienne : l’instance moiindividu agit en utilisant sa volonté. Pour choisir le camp de l’élan-vers-l’ego ou celui de l’élan-cohérent, cette instance doit d’abord décoder l’intemporalité des tendances du moi. Puis elle doit choisir et passer à l’action pour faire à son choix une place dans sa réalité psychique. Ces étapes de l’intervention de l’instance moiindividu constituent la gestion dont le résultat modifiera la conscience et canalisera l’activité du moi.

Mais choisir n’est pas, pour le moiindividu, chose simple. Il doit vivre le conflit et assumer les conséquences de son choix, ce qui peut quelquefois le pousser à se réfugier dans la démission. Pour échapper au conflit entre l’élan-cohérent et l’élan-vers-l’ego, il doit neutraliser le conflit des intérêts. Pour le faire tout en tenant à ses désirs égoïstes, il doit annihiler toute preuve de manque de respect à autrui. Il va donc développer des dynamiques entre l’éveil à soi et aux intérêts personnels et l’éveil à la cohérence et aux intérêts d’autrui qui ne permettent pas aux désirs égoïstes, les désirs œdipiens surtout, d’émerger. Il va aimer (ou du moins s’efforcer de respecter) le parent haï et garder une distance entre lui et le parent convoité. Et pour maintenir cet état des choses, il va nourrir en continu une force de censure qui est le surmoi et dont le rôle est de maintenir cet amour et ce respect obligés pour ne pas laisser les désirs œdipiens émerger. Ainsi le surmoi n’est pas une instance, malgré sa présence aux premiers rangs de la dynamique psychique ; son rôle est de servir l’élan-vers-l’ego et une instance moiindividu démissionnaire en maintenant entre les éveils de la conscience une activité capable d’exclure toute possibilité d’expression des désirs œdipiens …

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Le conflit psychique est le mode de progression de l’homme. Il n’est pas nécessairement pathologique.
Dans un conflit, face à la pression exercée par l’élan-vers-l’ego qui pousse à ne pas faire cas d’autrui et de la cohérence environnante et face à la réaction de l’élan-cohérent qui fait primer le respect des autres, le moi-individu oscille entre deux solutions.

1 – Première solution : celle de choisir le parti de l’élan-cohérent avec rejet de la pression exercée par l’élan-vers-l’ego. Le moi-individu évalue la situation et emprunte le chemin de l’élan-cohérent. Il fait son choix, domine son élan-vers-l’ego et agit en conséquence en faisant passer le respect d’autrui en priorité. Dans ce cas, il réagit vis-à-vis de son élan-vers-l’ego et de son élan-cohérent ; il a un idéal en fonction duquel il exerce sa volonté.

2 – Seconde solution : celle du choix du camp de l’élan-vers-l’ego avec rejet de l’élan-cohérent. Le moi-individu favorise en connaissance de cause l’élan-vers-l’ego. Il choisit, fait taire l’élan-cohérent et agit en fonction, commettant volontairement l’acte égoïste qui l’intéresse en faisant passer le respect d’autrui et de l’harmonie au second plan. Dans cette situation aussi, l’homme réagit vis-à-vis de son élan-vers-l’ego et de son élan-cohérent ; il exerce sa volonté. Pour être capable de choisir le camp de l’élan-vers-l’ego ou celui de l’élan-cohérent, il a dû les décoder en langage temporel. Au décodage de l’élan-vers-l’ego, l’élan-cohérent a réagi. Cette procédure de traduction des désirs intemporels en désirs temporels se fait au niveau de la gestion du décodage et de l’implication depuis laquelle le moi-individu gère la situation et agit activement, choisissant son élan-vers-l’ego sans se laisser envahir par lui. Si ce dernier gagne du terrain conflit après conflit en diminuant la lucidité de l’éveil intérieur dont la dynamique tend à être dominée par l’éveil intérieur aux intérêts personnels et l’éveil intérieur à soi, le moi-individu reste pourtant capable d’exercer sa volonté.

S’il emprunte la voie de l’élan-cohérent et se rétracte en cours de route ou plus tard, et s’il choisit la voie de l’élan-vers-l’ego et se reprend en cours de route ou plus tard, il change de direction de parcours. Il le fait par faiblesse ou par nouvelle conviction. Mais que ce soit dans l’un ou l’autre cas, malgré une faiblesse et un doute possibles, il reste maître de la situation usant de la prérogative de gérer, de décider et de changer de camp à volonté, s’exprimant à travers sa gestion du décodage et de l’implication.

Théoriquement, ce sont les deux solutions possibles du conflit. Mais il y a une autre issue, celle de se laisser plus ou moins influencer par le moi-profond pour ne pas affronter le conflit. Le moi-individu ne remplit plus alors son rôle d’arbitre mais il devient guidé par le moi-profond envahissant. L’élan-cohérent dont l’intérêt est le respect de la cohérence ne peut envahir le moi-individu et respecte le rôle naturel de cette instance en tant que chef d’orchestre. Le problème vient de l’autre camp. Penchant du côté du désir centripète de ne satisfaire que le moi qui est à la base de l’égoïsme, le moi-individu peut perdre la capacité de rester à égale distance des deux élans. Ne pouvant rien modifier dans le moi-profond, il ira changer des paramètres qui se rapportent à sa gestion du décodage et de l’implication et profitera de l’invasion du moi-profond. Mais, dirions-nous, pourquoi se laisser envahir par l’élan-vers-l’ego et le désir centripète de ne satisfaire que le moi puisqu’il peut tout simplement choisir l’élan-vers-l’ego ? Choisir c’est prendre la responsabilité de la décision et supporter le poids de la gestion qui modifiera l’éveil intérieur. Choisir c’est s’engager dans la potentialité d’un conflit futur.